samedi 11 mars 2023

Transmission, Culture, Héritage

 

Le Rugby, c'est une histoire d'héritage, de Culture et de terroir. On n'aime pas le Rugby, mais on vit le Rugby.

Fabien Galthié — le chef entraîneur du XV de France — est un grand sentimental : il pleure à son interview d'après victoire, en se remémorant toute son histoire personnelle en cette enceinte historique qu'est Twickenham, avec les temps forts et les temps faibles.

On doit être un sentimental afin de penser ce sport ; en effet, ce n'est pas un sport de brutes, mais un sport de poètes, avec un poids considérable en matière de transmission comme on se transmet la balle.

Les gros costauds sont les premiers à pleurer, tant dans la victoire que dans la défaite, un sport viril et certainement pas viriliste, et d'ailleurs les filles y jouent très bien, peut-être avec plus d'élégance encore que les garçons.

Fabien Galthié vient de rendre à la sélection française une identité de terroir, un héritage intellectuel et culturel, une inventivité propre à cette identité.

Ce sont les grandes nations adverses qui l'admirent le plus : "french flair is coming back..."

Il est l'héritier de la pensée d'un Daniel Herrero, dont l'essai (bon terme littéraire en matière de Rugby) se nommait "L'esprit du jeu, l'âme des peuples". Un de mes bouquins de chevet.

Mon grand-père paternel était demi d'ouverture à l'ASM (Clermont-Ferrand). Plus tard, à trois ans, mon père allongé dans le canapé, me blottissait contre lui, pour regarder les samedis, le tournoi des cinq nations, tout en m'expliquant les subtilités des règles de ce jeu.

Puis je devins joueur de Rugby (tout en étant athlète, les deux sports sont souvent combinés), puis mon fils aussi, trente ans plus tard.

Transmission, Culture, Héritage.

Il y a dans le Rugby, la leçon de la Vie.

Fabien Galthié sait cela. Son travail est donc infiniment plus psychologique et moral que technique. Avec de jeunes joueurs talentueux, ce n'est pas la technique qui prime.

Et ce soir, après cette victoire historique à Twickenham, après cette humiliation, ce n'est pas la technique en question, mais l'âme des peuples oubliée par l'Angleterre, ainsi que nous l'avions oubliée juste avant elle.

On ne gagnera peut-être pas notre coupe du monde à venir cet automne, mais une chose est sûre : on lui fera honneur avec un vrai style.